Une autorité éducative basée sur les neurosciences affectives

Depuis 2012, je m’appuie sur les neurosciences pour développer mes pratiques pédagogiques. Je me suis d’abord intéressée aux neurosciences affectives. Elles sont devenues une part importante de mes pratiques en découvrant Catherine Gueguen, puis Christophe Marsollier.

Cette ligne directrice, je la poursuis depuis ma première expérience en 2012 dans une école alternative libre. Elle fait partie de mes formations initiales, Elle fait partie de mes valeurs transmises par des formateurs visionnaires que je respecte encore aujourd’hui, mais aussi par ma mère, grande professionnel de l’Education ayant décroché les palmes académiques en tant qu’officier.

Et puis il y a eu cette année avec cette classe, réunissant des profils d’enfants complexes, où ma gestion de classe a été plusieurs fois remise en cause comme une incompétence. On a souvent pu remettre en question mon autorité en classe mais parlait-on réellement d’autorité éducative à ce moment-là?

Remettant en question mes compétences, j’ai voulu comprendre ce qui était défini derrière l’autorité éducative.

Etais-je sur une gestion de classe défaillante parce que j’avais choisi d’appliquer une autorité éducative basée sur les neurosciences affectives? parce que j’avais choisi d’écouter et dialoguer avec mes élèves? parce que j’avais choisi un positionnement à l’horizontal avec eux? Parce que je ne punissais pas, je n’excluais pas mes élèves de la classe?

Finalement est-ce que ma gestion n’était pas seulement problématique parce qu’à travers mon autorité éducative basée sur la communication horizontale, mes élèves témoignaient de leurs souffrances tues depuis des années?

Je suis devenue à travers mes pratiques, vecteur de leurs émotions. Entre colère, agressions verbales, menaces et hormones adolescentes qui ont pu arriver à leur paroxysme au cours d’une même année, ils devenaient méconnaissables pour beaucoup et je faisais des signalement pour troubles du comportement. Mais cette relation enseignant-élève, tant critiquée, que j’avais instaurée avait permis de briser le silence qui n’avait jamais été rompu depuis des années : le harcèlement scolaire et un sentiment fort de ne pas être considéré qui réveillait colère et injustice.

Bien que la communauté éducative extérieure à cette classe, qui ne détenait que quelques informations partielles, ne me donnait aucun crédit, me jugeant de débutante, je persistais, consciente que d’autres choses bien plus importantes étaient en train de se jouer à l’intérieur même de cette classe…

Mais surtout je me rappelais de ceci, me permettant de comprendre :

Suite à toutes mes auto-formations, podcasts et ouvrages et en prenant appui sur les dernières recherches, j’ai constaté que ce que j’appliquais en classe était ce qui était recommandé dans mon cas. Je suivais l’actualité éducative canadienne et belge depuis un moment, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi dans mon entourage professionnel, mes démarches restaient incomprises.

J’ai tout de même regagné confiance en mes pratiques que je continue à remettre en question et à développer et je me suis perfectionnée dans cette autorité éducative qui est devenue pour moi une force et même une revendication. Je suis accessible à mes élèves, ouverte à toute forme de dialogue, j’accepte la contestation avec arguments, j’accepte que mon élève ait un grief contre moi, il peut même le justifier, ça rentre dans le cadre de la gestion des émotions. On peut en parler. C’est là que le mot “respect” prend tout son sens pour moi.

Aujourd’hui, je sais que je suis sur le bon chemin malgré ce que j’ai pu entendre, malgré ce qu’on a pu me dire. Je reste fidèle à mes convictions et surtout à mes valeurs humaines.

Forte de ces lectures, j’ai continué à développer mon intérêt pour les neurosciences en m’intéressant à la neurobiologie et aux neurosciences cognitives pour mieux accompagner mes élèves dans leurs apprentissages mais aussi dans la gestion de leurs émotions.

“Enseigne avec ton coeur” et “Investir la relation pédagogique”, sont deux ouvrages de Christophe Marsollier” docteur en sciences de l’Education et Inspecteur de l’Education Nationale, dans lesquels j’ai pu me reconnaitre et ont donc été salvateurs pour moi dans ma vie professionnelle.

J’ai toujours dit que mes élèves ne devaient pas avoir peur de moi, car pour moi ce n’était pas ce qui définissait une bonne autorité éducative et c’est ce que les recherches révèlent aujourd’hui. Craindre le maitre ne fait pas avancer les élèves.

Le plus remarquable aujourd’hui, c’est la prévalence même de ces idées qui ont fait leur chemin depuis et qui commencent à faire partie des discours ministériels et des formations.

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